Environnement et cancers
Les cancers représentent depuis l’année 2004 la première cause de décès en France tous sexes confondus (depuis 1988 pour les hommes et vraisemblablement en 2016 pour les femmes) comme dans de nombreux pays à hauts revenus. Parallèlement au développement des moyens thérapeutiques, la lutte contre le cancer s’appuie notamment sur l’identification et la diminution de l’exposition aux facteurs de risque. Cependant, les facteurs de risque de cancers sont encore mal connus pour de nombreux cancers même pour les plus fréquents (prostate, sein pour exemples). La part attribuable à des expositions professionnelles (en se limitant aux cancérigènes avérés d’après le Centre International de Recherche sur le Cancer (https://monographs.iarc.fr/fr/monographies-du-circ-actualites/) représenterait au minimum 0,3 à 3,9% de l’ensemble des cancers. Ces estimations sont très dépendantes de la façon dont les facteurs de risque ont été mesurés et, notamment, de la prise en considération des facteurs de risque non professionnels (tabagisme…). Le rôle des facteurs de risque professionnels est globalement sous-estimé et reste à déterminer même pour des cancers aussi fréquents que le cancer du sein, de la prostate, du colon et du rectum.
Cancers en milieu agricole
L’agriculture française est au premier plan en Europe pour de nombreuses productions mais aussi pour l’utilisation de pesticides.
Par ailleurs, de nombreux arguments existent aujourd’hui dans la littérature scientifique en faveur de risques de santé pour les personnes professionnellement exposées à certains pesticides (cancers, troubles de la reproduction, maladies neurologiques,…)
[https://www.inserm.fr/information-en-sante/expertises-collectives/pesticides-effets-sur-sante], plaçant cette question parmi les grands enjeux de santé publique.
Du point de vue de la recherche épidémiologique en milieu agricole, des questions demeurent sur les nuisances pouvant entrainer des risques différents de cancers en milieu agricole (poussières, mycotoxines, gaz d’échappement, virus animaux…) et même pour la nuisance la plus étudiée à ce jour (les pesticides), de nombreuses interrogations persistent.
En effet, i) très peu d’études sont en capacité (taille de l’étude, développement de méthodes pour améliorer la mesure des expositions, données de qualité sur le diagnostic de cancers) au niveau international de fournir des données sur l’implication de pesticides particuliers en termes de cancers, ii) certains pesticides n’ont quasiment pas été étudiés (antiparasitaires utilisés sur animaux, biocides utilisés dans les bâtiments, nombreuses familles chimiques de pesticides très utilisées en Europe mais pas ou peu aux USA où la cohorte Agricultural Health Study (AHS) demeure une des seules études à documenter l’effet d’un nombre limité de pesticides, site internet https://aghealth.nih.gov/ ) iii) aucune méthode validée et consensuelle n’existe à ce jour pour identifier les personnes exposées aux pesticides (tâches à prendre en considération, matières actives utilisées) ou quantifier leur niveau d’exposition. Enfin, les études sont rares à explorer le rôle d’autres nuisances que les pesticides sur le risque de cancers.
La conduite de vastes études épidémiologiques prospectives couplée à des efforts de développement de réflexions et d’outils épidémiologiques pour mesurer les expositions est une des solutions pour répondre à ces questions.
Objectif général du programme de recherche
Etudier l’influence des activités agricoles (pesticides, mycotoxines…) sur les pathologies chroniques (essentiellement sur les cancers) : études EPI95 / AGRICAN mais aussi sur les troubles de la reproduction et le développement de l’enfant (étude DEPARE)
… en argumentant sur la plausibilité biologique d’une association : cancer/utilisation de pesticides au moyen de marqueurs d’endommagement de l’ADN
… en améliorant la connaissance de l’exposition aux pesticides : études PESTEXPO / PESTIMAT / PESTEXPA ou aux aérocontaminants tels les poussières, les endotoxines, mycotoxines et gaz d’échappements (étude AIREXPA)
… en élaborant et en testant un nouveau dispositif de formation continue des agriculteurs non basés uniquement sur l’apport de connaissances (étude IREPEST)